Quoi de neuf au vingt-deux ?

VOUS AVEZ DIT BIODYNAMIE ? 1ère partie par Alexandra Fottorino

VOUS AVEZ DIT BIODYNAMIE ??

Le Biodynamie, c’est LE sujet qui est sur toutes les bouches lorsqu’on aborde les différentes manières culturales, un mystère plane au dessus de ce mot et une forme d’ésotérisme l’entoure. Ce sujet n’est pas uniquement dédié aux initiés, pour certains c’est de l’esbrouffe, pour d’autres c’est l’avenir, ce que nous pensons fortement.

A travers des explications simples et sans avoir la prétention de tout savoir sur ce sujet vaste et complexe, nous allons tenter d’en percer quelques mystères. Ensuite, nous mettrons en lumière un domaine coup de cœur du Vingt-Deux qui travaille évidemment en biodynamie.

Reprenons au début

Crédit Wikipédia

Tout d’abord, il faut comprendre d’où vient ce mode cultural. Dans les années 1920, des agriculteurs ont réalisé qu’il y avait de nombreuses dégénérescences dans leurs plantations et une perte de fécondité de leurs troupeaux. Ils se tournent alors vers celui qui, aujourd’hui est LA référence concernant la biodynamie, Rudolf Steiner. Cet éminent philosophe et scientifique Autrichien est un peu le père de l’Anthroposophie. Pour expliquer ce mot barbare, Rudolf Steiner estimait que l’équilibre de la nature reposait sur un accord entre les idées, la pensée humaine, la planète et le vivant dans le respect de la nature de chacun comme étant un tout. Il définit alors précisément chacun de ses préceptes d’agriculture et pose les bases de la biodynamie durant 8 conférences menées à l’époque dans l’actuelle Pologne. Un des premiers signaux d’alarme qu’il tira concernait alors l’utilisation des farines animales.  Après la seconde guerre mondiale, des recherches de plus en plus poussées ont été menées par différents instituts de recherches agricoles, c’est toujours le cas aujourd’hui.

En soignant le sol, les plantes, en respectant les cycles naturels on soigne l’homme, donc la terre et on redonne de l’énergie au vivant. La biodynamie apparait alors comme une réponse urgente et nécessaire à la chimie, la pollution, les modifications génétiques pour retrouver une harmonie dans notre écosystème.

Préceptes fondamentaux

  • Le fait de concevoir sa ferme ou son jardin comme un organisme agricole, une entité autonome et individualisée qui peut se développer de manière indépendante.
  • L’utilisation des fameuses “préparations biodynamiques” :  préparations à base de plantes médicinales, de bouse de vache (vous en avez forcément entendu parler en fronçant les sourcils) et de quartz qui agissent énergétiquement sur l’équilibre du domaine. Le but est de donner ou redonner de la vigueur et de la sève aux plantes.
  • Travailler avec les “rythmes cosmiques”, c’est-à-dire tenir compte des influences du Soleil, de la Lune, des planètes et du zodiaque. Pour cela, il existe un « calendrier » qui prend en compte ces cycles, par exemple, il n’est pas rare que des vignerons ramassent leurs raisins sous la lune lors d’une date dédiée, ce qui permettra de le garder à une certaine température.

Le recours au compost et aux plantes médicinales fait également partie intégrante de la culture biodynamique. On retrouve par exemple l’ortie, l’achillée, la camomille et bien d’autres. Ces plantes sont utilisées comme fertilisants et médicaments naturels du sol et de la plante. Les très faibles doses de souffre voire parfois inexistantes font partie des chartes de la biodynamie.

Crédit lemonde.fr

L’importance de la polyculture et des animaux

Travailler en biodynamie, c’est travailler avec le vivant, l’homme qui cultive, la diversité de plantes, arbres fruitiers, l’enherbement entre les vignes par exemple, essentiel et la présence d’animaux.

Par exemple les moutons serviront à brouter l’herbe sans avoir recours à des machines, les chevaux permettront d’effectuer un labours qui drainera le sol sans le choquer mécaniquement. Les vaches ont une grande importance, leur fumure permettra de maintien de la fertilité des sols. (Efficacité qui a été prouvée)

Les haies, prairies, cours d’eau et autres forets, permettent une biodiversité essentielle à la culture biodynamique, cet ensemble vivant représente un tout qui forme un équilibre. On ne peut pas nier que cette harmonie, en tout sens, est à la fois revigorante pour le sol et les fruits de ce travail mais également pour l’homme qui retrouve un contact direct avec la nature sans l’idée de surexploiter.

Le but de cette culture n’est pas de produire plus vous l’aurez compris, mais de produire mieux, plus sain et qualitatif. En ressortiront des produits d’une grande qualité nutritive et gustative.

Et le Cosmos dans tout ça ?

Voici probablement la partie qui laisse libre chacun d’imaginer les idées les plus folles ! Les vignerons se déguisent ils en pleine nuit, munis de corne de vache en suivant les étoiles ? Voyons !

Essayons de rester terre à terre (sans mauvais jeu de mot ! ) Rudolf Steiner, définit dans ces préceptes l’influence sur la terre et donc les sols, du Soleil, de la Lune et de planètes plus éloignées encore provenant du zodiaque.

En effet, tous ces éléments on selon lui une influence sur le développement des plantes, leur maturation, germination etc. S’en suivra d’ailleurs la création du fameux « Calendrier des semis » évoqué plus haut. Ce calendrier indique toutes LES pratiques en fonction des astres.

A titre explicatif, nous pouvons tous constater à notre niveau les influences des astres, par exemple il est courant que lors d’une pleine lune nous soyons pris d’une énergie débordante et que nos chers bambins soient excités ! L’influence gravitationnelle de la lune provoque également les marées. Pline l’Ancien disait que « C’est la Lune qui sature les terres, qui remplit les corps par son approche et les vide par son éloignement ».

L’importance de ces principes dans la culture de la vigne est de plus en plus épousée par une génération de jeunes vignerons qui poursuivent le travail de vignerons pionniers qui il n’y a pas si longtemps encore apparaissent comme des extra-terrestres auprès de leurs confrères et du grand public.  Sans faire aucun jugement de valeur, en effet travailler en biodynamie nécessite des moyens humains considérables, beaucoup de courage et de patience.

Certains vignerons commencent petit à petit et il faut plutôt les accompagner dans le temps et dans leur évolution avec beaucoup de bienveillance.

Pour le vin quels sont les LOGO ?

Voici les logo (certifications) qui vous permettront de reconnaitre un vin travaillé en biodynamie :

DEMETER

BIODYVIN

Attention, pour être certifié biodynamie il faut d’abord l’être en Agriculture Biologique, il s’agit d’un tronc commun.

Vous me direz mais, quid des vins en lutte raisonnée, bio, naturels ? Et Naturel c’est bio ou c’est biodynamique ? Nous y reviendrons lors d’un prochain article qui définira chaque Logo et propriétés culturales.

Reserve

Il est toute de même essentiel en tant que professionnelle du vin d’ouvrir le débat concernant les logos : En effet, certains vignerons ne sont pas « certifiés » biodynamique mais travaillent pourtant selon ses préceptes. Le Logo prouve, le caviste justifie. Certains vignerons ont toujours travaillé de la sorte et refusent de s’imposer une certification longue et contrôlée. Donc si votre caviste vous certifie que tel ou tel travaille de telle manière, faites-lui confiance comme lui fait confiance à son vigneron !

Pour finir

Aujourd’hui, et surtout depuis les années 1990, tous les pays du monde travaillent sur la recherche sur la biodynamie suite à l’obtention de résultats très favorables. Plus de 5000 producteurs à l’international sont certifiés en biodynamie. L’Egypte à même reçu le prix Nobel alternatif pour son travail à ce sujet.

Les professionnels français ont pu constater à force de dégustation, que les vins biodynamiques ressortaient de plus en plus en forts dans les tasting. Antoine Gerbelle, journaliste à la RVF a reconnu cet état de fait et l’explique dans un de ses articles. (« Tout savoir sur le vin bio »).

Alors, la biodynamie, toujours une affaire d’illuminés ?