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Beaujolais nouveau ! Alors bon ou pas bon ?

Le Beaujolais nouveau est arrivé !

Ce jeudi, c’est la célébration annuelle de la fête du Beaujolais nouveau. L’occasion pour le vingt-deux de faire le point sur ce vin star aussi décrié que demandé. Son histoire, sa fabrication, son goût… de banane ou pas. Nous en profiterons pour mettre aussi en valeur cette région magnifique du Beaujolais, où on produit à la fois des vins sur la fraîcheur et le fruit comme des beaux crus pour la garde.

donc bon ou pas bon ? Et si la réponse n’était pas aussi simple

Beaujolais nouveau

son origine

L’origine du Beaujolais Nouveau remonte au 11 mars 1951 avec la suppression du « principe d’échelonnement de sortie des vins des propriétés » qui établissait un calendrier de la sortie des vins dans le commerce afin de mieux planifier le réapprovisionnement des armées. La guerre et le vin étaient intimement liés à l’époque. Un arrêté publié le 8 septembre 1951 dans le Journal Officiel dispose que les vins d’appellation d’origine ne peuvent être vendus qu’à partir du 15 décembre. Mais la fronde des syndicats viticoles, et en particulier dans le beaujolais, fait céder l’administration qui précise dans une note le 13 novembre 1951 que « dans quelles conditions certains vins peuvent être commercialisés dès maintenant sans attendre le déblocage du 15 décembre ». De cette note, l’appellation « beaujolais nouveau » est né !

Au début la date de sortie du beaujolais nouveau était variable. En 1967, elle est fixée au 15 novembre, jusqu’en 1985 où la fête est célébrée le troisième jeudi du mois.

Symbole de fête, les bons vivants attendent avec impatience ce rendez-vous. D’ailleurs, quelques jours avant la date, des caisses partent pour arriver au plus vite puisque le lancement de la vente a lieu à minuit pile.

beaujolais nouveau Brute de Cuve 2022 d'Isabelle et Bruno Perraud
Brute de Cuve 2022 d’Isabelle et Bruno Perraud

Comment le déguster ?

Idéalement, un Beaujolais nouveau doit se servir plutôt frais autour de 14 degrés pour mettre en valeur ses arômes fruités, sa souplesse et son côté acidulé. Il se mariera avec bon nombre de plats simples et de bistrot comme de la charcuterie, du fromage, du saucisson lyonnais ou même une pizza. L’important étant la convivialité, la gourmandise et le gras 🙂

Combien de temps peut-on le conserver ?

On recommande géénralement de le consommer rapidement, dans les semaines ou les mois qui suivent sa commercialisation. Selon la vinification, certaines bouteilles peuvent se garder un peu plus longtemps. Mais n’attendez pas trop.

Le Beaujolais nouveau est-il une appellation d’origine contrôlée ?

Et bien non ! « Nouveau » est une mention et non une appellation qui indique cette particulairité de vin commercialisé l’année de sa vendange. Dans le Beaujolais, on peut accoler cette mention à deux appellations : « Beaujolais » et « Beaujolais-villages » mais pas aux crus du Beaujolais (détaillés ci-dessous)

Il existe par contre d’autres appellations en France qui ont le droit de produire un vin « nouveau » ou « primeur ». C’est le cas par exemple de Gaillac ou du Muscadet.

Beaujolais nouveau Le Chaton 2022, Domaine du Bois de Chat
Le Chaton 2022, Domaine du Bois de Chat

Comment on fait du Beaujolais Nouveau ?  La macération Carbonique : la spécificité beaujolaise

Faire du vin inclut nécessairement la fermentation alcoolique, l’étape qui permet de transformer les sucres en alcool. Cette transformation s’effectue généralement grâce à l’action des levures.

La macération carbonique est un procédé de fermentation alcoolique différent. Les raisins fermentent à l’abri de l’air. Privées d’oxygène, les levures ne peuvent pas travailler. L’alcool se forme donc, à partir des sucres, mais grâce à l’action des enzymes présentes dans les baies de raisins. Et donc sans l’aides des levures.

Pour réaliser une macération carbonique, les vignerons disposent les baies de raisins – éraflées ou non – entières dans des cuves. Les cuves sont ensuite remplies de gaz carbonique et fermées.

Cette macération carbonique donne aux vins un goût particulier et sur le cépage gamay, utilisé dans le Beaujolais, des arômes typiques de banane, fraise tagada, épices douces, ainsi qu’une acidité et une légèreté caractéristique. L’idée étant d’avoir un vin facile, d’apéritif et pas fait pour la garde.

La région Beaujolais : un autre visage à découvrir

Eh oui ! Le vin du Beaujolais, ne se résume au beaujolais nouveau. La médiatisation du vin primeur a fini par occulter les autres productions de la région, notamment les 10 crus célèbres de la région qui produisent pourtant des vins magnifiques : Saint Amour, Brouilly, Côte de Brouilly, Morgon, Fleurie, Chénas, Julienas, Moulin-à-Vent, Chiroubles, Régnié,.

Petit résumé de la région

Le Beaujolais couvre une vaste zone, du sud de Mâcon jusqu’au nord de Lyon, soit près de 14 500 hectares de vignes revendiqués dans les 12 AOC du Beaujolais, presque intégralement plantés en gamay (97 %). Tous les crus du Beaujolais, Saint Amour, Brouilly, Côte de Brouilly, Morgon, Fleurie, Chénas, Julienas, Moulin-à-Vent, Chiroubles, Régnié, se concentrent dans la partie nord de la région (au nord de Villefranche-sur-Saône). En effet, c’est dans cette zone qu’on retrouve les roches anciennes de l’ère primaire (à dominante granitique) qui conviennent si bien au gamay.

Les appellations crus ne produisent que du rouge avec le gamay. Mais il existe aussi des vins rosés (gamay) et blancs ( à base de Chardonnay) produits sur les AOP Beaujolas et Beaujolais-village.

Beujolais village rouge domaine des marrans
Domaine des Marrans

Focus sur 2 cuvées du Beaujolais 

BEAUJOLAIS VILLAGES ROUGE – 2019 DOMAINE DES MARRANS – 11.00€

On retrouve dans ce vin  toute l’expression de fraîcheur, de fruit, de simplicité et de gourmandise d’un bon gamay. Ce domaine, situé sur Chiroubles, produit des vins aux rapports qualités prix incroyables. Parfait pour accompagner volailles, quenelles lyonnaises, fromages. A déguster dans les 3/4 ans.

MORGON CÔTE DU PY JAMES – 2018 JEAN MARC BURGAUD – 31,70 €

Morgon Côte de Pu James JP Burgaud
JP Burgaud

Ce vin de prestige montre à lui seul la qualité indéniable du terroir de Morgon.

Nez intense et complexe, laissant apparaitre des notes de fruit rouge, noir et des épices.

La bouche est dense, structurée, à la texture veloutée. On peut le servir en parfaite harmonie avec un navarin d’agneau, une noix de veau braisée, ou un risotto à l’encre de sèche. Un grand vin de gastronomie.

Focus Morgon : Le vignoble de Morgon se situe intégralement sur la commune de Villié-Morgon (Rhône). Les vignes ont une exposition sud-est, à une altitude comprise entre 250 et 500 mètres. la Côte de Py, qui culmine à 352 mètres, domine l’appellation. Les sols de Morgon, majoritairement formés d’arènes granitiques, présentent la particularité d’être en partie constitués, notamment sur la Côte de Py, de schistes décomposés, contenant du manganèse et de l’oxyde de fer (d’où une couleur ocre-rouge, ou parfois bleu-vert). Ces sols, localement appelés « terres pourries » ou « morgon », ont donné leur nom à l’appellation.

Les vins de Morgon se reconnaissent par leurs notes de cerise, de kirsch et de fruits rouges à noyau, ainsi que par des nuances épicées. Lorsqu’on retrouve ce caractère dans les vins, on dit parfois qu’ils « morgonnent ». Les morgons ont plus de structures que la plupart des autres crus du Beaujolais. Avec Moulin-à-vent, c’est le cru qui a la meilleure capacité de garde (jusqu’à 20 ans pour les meilleurs domaines).

L’auteure de l’article

Sommelière de métier et de cœur, Aurélia Reis a travaillé en restaurants gastronomiques puis en caves spécialisées. Depuis 5 ans, elle partage sa passion du vin en tant que formatrice pour les professionnels et aussi les particuliers. A la cave le vingt-deux, elle anime plusieurs cours d’œnologie. Épicurienne et enthousiaste, elle aime avant tout dénicher les perles rares des vignobles, partager sa passion pour les vins et transmettre le travail des petits et grands vignerons.